PACOBO : 200 000 F CFA pour un homicide involontaire
28 avril 2022, Elvis Atito cultivateur de son état, conducteur de moto-taxi, succombe à un accident de la circulation sur l’axe Pacobo-Taabo. La disparition aussi soudaine qu’inattendue de ce jeune homme dans la fleur de l’âge (ndlr : 22 ans) suscite une grande émotion au sein de la communauté villageoise. (Consulter l’extrait du registre des actes de décès).
Velléités de vengeance
Dès qu’elle en a été informée, la jeunesse de Pacobo, très remontée, converge en masse sur le lieu du drame. Décidée à venger la mort de l’un des siens. Les plus excités projettent de mettre le feu au véhicule à l’origine de l’accident. D’autres n’ont qu’une idée en tête : lyncher le chauffeur dont les initiales sont E.S. Il faut la maestria des parents de la victime pour contenir la fureur des assaillants et les empêcher de mettre à exécution leur plan. « N’eût été notre intervention, la situation aurait dégénérée ce jour-là », raconte Maurice, un proche de la victime au cours de l’un des nombreux échanges téléphoniques avec www.letau.net. Conscient de la menace, E.S a eu le temps de se rendre à la brigade de gendarmerie de Taabo située à environ 28 Km plus loin.
Générosité et compassion
Informés des événements, les responsables de MAM Logistics conviennent de s’associer à la douleur de la famille éplorée et de prendre leur part de deuil. La veille des funérailles, certainement sous le poids de la trop grande émotion qui les étreint, ils dépêchent auprès de Guillaume Atito, le père du défunt, un émissaire. Celui-ci est porteur d’un message de compassion et d’une enveloppe contenant la bagatelle somme de…200 000 F CFA ! C’est le geste qui compte après tout.
S.K, le père du chauffeur qui réside à Singrobo, sur l’autoroute du nord, n’est pas en reste de ce vaste élan de générosité. Il débourse lui aussi la somme de 200 000 F CFA. A la différence de la direction de MAM Logistics incapable de contenir sa douleur, il fait le déplacement jusqu’à Pacobo en compagnie d’une délégation pour soutenir la famille endeuillée.
Signe de vie
Si aux premières heures de l’accident, les responsables de l’entreprise ont dépêché une équipe de machinistes à Pacobo pour recupérer le véhicule impliqué dans l’accident et promis prendre en charge les frais de réparation de la moto endommagée ; sur le tard, ils ne donneront plus signe de vie. (Fac-similé de la facture d’achat de l’engin en fichier joint). Voilà deux ans que Guillaume Atito attend que la moto de son fils emportée le 28 avril lui soit restitué.
Récriminations et circonstances de l’accident
A Taabo et Pacobo, les récriminations contre la conduite des machinistes de MAM Logistics que la population assimile à Banaci (Ndlr : Banane Antille Côte d’Ivoire) sont récurrentes.
« Ils roulent à tombeau ouvert et ne sont pas prudents », se plaignent unanimement les riverains de l’autoroute du nord. « Le véhicule de transport du personnel roulait avec un seul phare avant, depuis longtemps », ajoutent-ils. Ceci explique sans doute cela.
Eclairage
Fort de cette confusion, l’équipe de www.letau.net s’est donc rendue le 08 février 2024 à Banaci. Son interlocuteur sur place, M.N’guessan, l’administrateur des ressources humaines a mis un point d’honneur à dégager la responsabilité de son entreprise avant d’orienter le site d’investigation vers Pacoban SAS.
En réponse au courrier de demande d’information à lui transmis, M. Gilles Monchicourt, directeur général adjoint de Pacoban SAS écrit, le 29 avril 2024 ; « La société PACOBAN SAS ne possède pas de véhicule de transport et n’a pas de personnel affecté à la conduite de ces équipements. Le transport du personnel est une activité spécifique hors du champ de nos compétences que nous confions à des sociétés spécialisées.
Pour ce cas précis, la société en charge du transport du personnel est la société Mam Logistics, Yopougon Niangons, Lot 285 ilot 08, 01 BP 1353 Abidjan 01. Je vous prie dons de prendre contact avec les responsables de cette société qui seront à même de répondre à vos sollicitations. »
Adresse erronée, promesse sans suite
Une adresse erronée à dessein ? Contacté, le 10 mai 2024 à 17h02, en vue de la remise d’un courrier de demande d’information, M. Drissa Doumbia de MAM Logistics déclarera avoir un représentant à Abidjan. Le siège social de l’entreprise est à Toumodi. Sans plus de précision. C’est donc par mail que la correspondance sus indiquée a été transmise à l’interlocuteur.
Le 21 mai 2024, sans réaction, ni accusé de réception du mail, www.letau.net prend de nouveau langue avec M. Drissa Doumbia. Il assure que c’est à l’un de ses collègues qu’il revient de donner suite à notre requête. Il promet parler avec ce dernier et nous revenir. Sans suite…
L’avocat de la famille y va de sa partition
Pour davantage noircir le tableau, c’est l’avocat de la famille Atito qui rajoutera une couche en y allant de sa partition. Sollicité pour une assistance juridique, Me J.B K percevra un acompte sur honoraire de 150 000 F CFA. (Consulter le reçu de paiement). Il ne lèvera pas le petit doigt. « Il m’a dit que tant que je ne solde pas, il n’ira pas chercher le dossier. », confie Guillaume Atito.
« Franc et direct »
Joint par téléphone à ce sujet, le 03 juin 2024 à 14h31, l’avocat a déclaré, « Ecoutez, je vais être franc et direct avec vous. En tant qu’avocat, je ne m’immisce pas dans les questions de presse. Et, mes procédures je ne les étale pas – de mon chef – dans la presse. Voici pourquoi peut-être qui vous irez faire des recherches, je n’ai jamais parlé à la presse dans un quelconque dossier. Je m’en tiens à ce qui concerne le droit. Je préfère que ça s’arrête là ! », sur un ton sec.
Notre tentative de relance de la conversation s’est heurtée à une fin de non-recevoir. Me J.B K renchérira en ces termes ; « Si la famille estime que vous devez intervenir, c’est entre vous et elle. Quand j’ai fini de dire ça, je n’ai plus rien à ajouter ». Dont acte !
Pour la famille Atito, la disparition de Elvis prend des allures de calvaire sans fin.