Affaire blanchiment de près de 52 milliards de F CFA
Etat des lieux de la procédure
L’enquête diligentée par le juge d’instruction de la juridiction spécialisée en matière de délinquance économique et financière avait conduit à l’interpellation de Kah Assane et Saksouk Rola, au décernement d’un mandat de dépôt contre ces derniers et le placement sous-main de justice de leurs différents comptes bancaires, ceux de leurs proches et plusieurs sociétés. Depuis lors, les lignes n’ont vraiment pas bougé au sujet de cette procédure.
Des personnes impliquées mais jamais inquiétées
Selon les informations dont dispose Letau, des personnes impliquées dans cette escroquerie à grande échelle, n’ont pas été inquiétées par les magistrats du pôle pénal économique et financier. Il s’agit entre autres de Ali Mortada, un Yéménite, M.M. et Mohamed Mroue, des Libanais.
S’agissant du Yéménite, il a reconnu, selon nos informations, devoir une somme d’environ 10 milliards de FCFA à la SGCI. Pour le remboursement de ce montant, il aurait signé un moratoire avec la banque et mis en hypothèque un important patrimoine foncier situé à Bingerville. Est-ce pour cette raison qu’Ali Mortada n’a jamais été convoqué ni auditionné par les juges chargés de cette affaire ?
Quant à M.M., considéré comme l’homme que Rola utilisait pour ses besoins, il est celui à qui elle remettait les chèques issus des traites escomptées pour les encaisser. Plusieurs chèques estimés à des centaines de millions de francs CFA ont donc été encaissés par M.M. et l’argent liquide remis à Rola Saksouk.
Suite à l’éclatement de ce scandale financier, il a rapidement clôturé son compte logé dans une banque de la place. Tout comme le Yéménite, il n’a jamais été convoqué ni auditionné dans le cadre de cette procédure pénale.
Enfin, concernant Mohamed Mroue, il donnait des traites à Rola. Elle se chargeait ensuite de les encaisser et lui remettre sa part du butin. Dans le cadre de cette affaire, Mohamed Mroue a curieusement, selon nos informations, été interpellé puis relâché par la suite (un article plus détaillé sera consacré à cette affaire). En juillet 2023, il a été interpellé une seconde fois à l’une des frontières du pays avant d’être placé sous mandat dépôt au pôle pénitentiaire d’Abidjan dans l’affaire des passeports frauduleux et libéré par la suite.
L’enquête du pôle pénal financier et économique pourra-t-elle faire la lumière sur cette affaire ? Et surtout dire où sont passés ces fonds et à quoi devaient-ils servir ?

