Fraude sur le visa
Depuis l’éclatement du conflit armé entre Tsahal et les combattants du Hezbollah, les demandes de visa d’entrée sur le territoire national par la communauté libanaise pour leurs proches au Liban sont très fortes.
Les demandes de visa ont explosé
Entre septembre et octobre, plusieurs demandes ont été adressées aux autorités compétentes, en l’occurrence le Directeur de la surveillance du territoire (Dst). C’est le constat fait par www.letau.net après consultation de plusieurs requêtes.
Parmi lesquelles celle de G.A. Cet opérateur économique libanais a émis, entre fin septembre-début octobre, 6 demandes de visa. Alors que le chômage sévit dans les rangs des jeunes diplômés, G.A. a invité ses compatriotes à venir en Côte d’Ivoire pour leur offrir généreusement des emplois (Consulter les demandes).
Quant à B.A.E., il est l’auteur de 5 demandes de visa. Comme motif invoqué, il souhaite avoir toutes ces personnes à ses côtés ici à Abidjan (Consulter les demandes).
La délivrance du visa aux demandeurs libanais suspendue ?
Face à cette forte demande de visa et certainement pour éviter de faire face à un afflux massif de Libanais sur le sol ivoirien, les autorités étatiques semblent avoir marqué une pause dans la délivrance du visa d’entrée. Pour avoir le cœur net sur cette question, www.letau.net a joint au téléphone le 5 novembre dernier, un membre du cabinet de Vagondo Diomandé, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité. « Effectivement, l’ambassade de Côte d’Ivoire au Liban est fermée, donc les visas ne sont pas délivrés. Mais sur la question de E-visa, la procédure est en cours et les E-visas sont délivrés au cas par cas en ce qui concerne les Libanais… Il n’y a pas un afflux massif de Libanais en Côte d’Ivoire. Les arrivées sont contrôlées et les cas sociaux sont privilégiés », a confié le collaborateur du ministre Vagondo.
Mohamed Sam, un Libanais, responsable d’une agence de voyage contacté au téléphone, le 12 novembre au sujet des demandes de visa, s’est montré très alarmiste. « Jusqu’à présent, il n’y a aucun visa qui a été délivré. C’est un vrai problème pour les familles…Il y a beaucoup de personnes qui viennent chez nous pour demander à avoir le visa mais nous, on ne peut pas faire de visa parce que c’est interdit actuellement… Ce sont des informations en provenance de l’ambassade du Liban en Côte d’Ivoire. L’ambassade était en pourparlers avec les autorités ivoiriennes étant donné qu’il y a beaucoup de familles libanaises qui étaient en attente de leur visa », a-t-il expliqué.
Le E-visa, objet de fraude
Le départ de l’ambassadeur Christophe Kouakou et du personnel diplomatique du Liban, fin octobre, a rendu difficile voire impossible l’obtention du visa par les demandeurs libanais sur place. Ici, en Côte d’Ivoire, les demandes de visa par des membres de la communauté libanaise pour leurs proches au Liban prennent désormais du temps.
Face à cette situation, les requérants se focalisent désormais sur l’E-visa, une demande en ligne du visa. Cette procédure dématérialisée se fait sur le site digital de la Société nationale d’édition de documents administratifs et d’identification (SNEDAI). A la fin de la procédure, le requérant obtient le document « Pré-enrôlement approuvé » sur lequel sont mentionnées ses informations personnelles et un code QR. Ce document lui permet d’embarquer et de se présenter, à son arrivée à l’aéroport d’Abidjan, à l’espace « visa aéroport » pour effectuer son enrôlement biométrique et obtenir le visa.
La délivrance du visa prenant désormais du temps, certains demandeurs, las d’attendre se servent de documents « Pré-enrôlement approuvé » frauduleux pour entrer en Côte d’Ivoire.
Confidences
Pour comprendre comment certains demandeurs de visa d’entrée s’y prennent, www.letau.net s’est rapproché une source sécuritaire au sein de la police nationale. « Il y a effectivement des agences de voyage, pour des questions de vente de billets d’avion qui rentrent dans ces pratiques en délivrant de faux visas aux voyageurs à leur arrivée à Abidjan. Des personnes ont été interpellées à l’aéroport et d’autres ont réussi à passer entre les mailles du filet. Quand on les prend, ils déclarent que c’est leur agence de voyage qui leur a fourni le document, sans citer le nom des personnes présentes sur le sol ivoirien impliquées dans cette fraude », a révélé la source.
Mode opératoire
« Qu’est-ce qu’ils font ? Ils récupèrent le E-visa déjà validé d’un voyageur. Ils inscrivent leur nom sur le document avec un code QR. Quand on scanne ce document, ce n’est pas ce qui est sur le passeport qui apparait. Du Liban, ils arrivent à embarquer puisqu’on ne peut pas scanner le document. Physiquement, celui-ci a l’apparence d’un vrai visa. Mais quand on scanne le code QR, ce n’est pas le nom du détenteur du passeport qui apparait dans le fichier. », révèle notre interlocuteur.(Consulter des Pré-enrôlements approuvés frauduleux saisis).
« Quand on les a pris, au lieu de les garder en détention pour mener des enquêtes, on les a rapatriés », termine-t-il son récit. Voilà une façon atypique de lutter contre la délinquance et la criminalité.

