Suspicion légitime !
La Cei semble avoir troqué son rôle d’arbitre impartial pour celui d’acteur de sit-com. À cette allure, ne vaudrait-il pas mieux pour elle de se récuser ?
Une représentante de la Cei, visiblement en désaccord avec le déroulement de l’émission « Le débat politique », conformément à l’esprit et à la lettre rappelés avec insistance par le représentant d’un parti politique, qui décide de quitter le plateau en plein direct. Les téléspectateurs de la première chaine de la télévision nationale n’étaient pas « Au théâtre ce soir », ce 25 février 2025, mais de plain-pied dans la téléréalité. Loin de rencontrer l’assentiment de l’opinion, ce geste, du grain à moudre pour ses détracteurs, vient renforcer l’idée que la Commission électorale (in)dépendante (Cei) est une institution qui préfère les coulisses aux projecteurs.
Crédibilité en chute libre
Cet épisode, un de plus dans la saga de l’organe en charge de l’organisation des élections, survient comme la cerise sur le gâteau d’une série de maladresses. Le limogeage de Antoine Adou, conseiller du président de la Commission, le 3 février 2025 reste vif dans les mémoires. Un intermède qui avait déjà jeté une ombre sur la transparence de la Commission. Cet autre rebondissement interroge la crédibilité en chute libre de la Cei. Est-elle encore apte et légitime pour organiser une élection présidentielle démocratique stricto sensu ?
Impair préjudiciable
La faute à Me Ketty Yolande épouse Yapobi. Il lui aurait fallu prendre sur elle. C’est aussi cela le sens des responsabilités ! Lorsqu’on fait des allergies aux critiques et à la vérité, mieux vaut se tenir à l’écart de la gestion des affaires publiques. Quel exemple projette cette épouse et mère de famille, avocate de profession en direction d’une jeunesse en quête de repères ? Aurait-elle eu la même audace face à l’un de ses clients dans son étude ?
Faute professionnelle
Quelle que soit la raison invoquée pour battre en retraite, son attitude constitue une faute professionnelle. Vis-à-vis de l’institution dont elle porte la parole. Vis-à-vis des téléspectateurs et de la nation. Dans un Etat fort, à cheval sur les principes, pareil manquement ne devrait pas rester sans conséquence. Mais bon.
Le coup de gueule matinal de Vincent Toh Bi, préfet d’Abidjan dans une vie antérieure, va-t-il tomber dans des oreilles de sourd ? « Il faut une sanction claire et sans équivoque pour donner l’exemple à toutes les personnes désormais contre ce type de comportement qui affaiblit l’Etat et la perception de la capacité de l’Etat à protéger les populations. Si tout le monde fait ce qu’il veut dans ce pays, défie tout, déréglemente tout, où irons-nous, que bâtissons-nous ? »,a-t-il réagi sur les reseaux sociaux.
Responsabilités partagées
Dans la survenance de ce spectacle déplorable, les responsabilités sont partagées. La première chaine nationale a failli à ses obligations. Les échanges entre Me Bessy Chrysostome et le journaliste Hamza Diaby relèvent l’impréparation qui a présidé à la production de ce direct. « Il n’y a pas eu de réunion technique ! » Pour une thématique aussi délicate ? Dans le contexte politique qui prévaut ? A la lumière des récriminations multiples contre la Cei, se contenter d’un simple coup de fil frise… la légèreté !
Pourquoi, pourquoi et pourquoi ?
Pourquoi ne pas avoir notifié, dès le départ, dans le courrier adressé aux participants au débat que la Commission électorale (in)dépendante aurait droit à deux représentants qui se succèderaient ? On en serait quitte pour la transparence. Est-ce si difficile que ça de bâtir ainsi une société de confiance ? Pourquoi édicter des règles supplémentaires sans information préalable des autres participants ? Pourquoi la Cei a-t-elle répondu à l’invitation de la télévision nationale en débarquant avec deux invités ? A l’aune du savoir-vivre, quelle image véhicule une institution qui se comporte ainsi ? L’infidélité dans les petites choses peut-elle subitement se muer en fidélité dans les grandes ?
Acteur de sit-com
Le constat est net. La Cei semble avoir troqué son rôle d’arbitre impartial pour celui d’acteur de sit-com. À cette allure, ne vaudrait-il pas mieux pour elle de se récuser ? Surtout que depuis hier, le monde entier a découvert une autre corde à son arc.
A moins que d’ici octobre 2025, elle consente à revêtir le costume et les attributs d’une institution sérieuse et respectée, il y a désormais suspicion légitime.

