Présidentielle 2025 : Les frasques de l’intrépide Front commun

Tout ça pour ça !

Le Front commun ivoirien semble s’être engagé dans une forme d’activisme sans stratégie claire à la veille de la présidentielle. Armé de  bonnes intentions, de discours vibrants et d’une présence numérique soutenue, le mouvement s’est illustré ces derniers mois par une mobilisation intense sur les réseaux sociaux.
À l’heure du bilan partiel que reste-t-il de toute cette ferveur ?

Pendant des mois, des voix issues du Front commun ont affirmé que le président Alassane Ouattara ne briguerait pas un quatrième mandat. Parmi elles, l’ancien président Laurent Gbagbo et des figures proches ont multiplié les déclarations et appels à la « résistance citoyenne », tandis que d’autres, à l’image de Tidjane Thiam, président du Pdci-Rda ont relayé depuis l’étranger un discours de changement rapide.Leurs armes ? Des vidéos, des communiqués, des directs Facebook, et une avalanche de promesses qui ont animé les plateformes numériques.

Tensions et peur

Le 25 octobre 2025, les Ivoiriens se sont rendus aux urnes dans un climat marqué par la méfiance et la crainte. Contre toute attente, le pays a connu une journée globalement calme, loin du chaos que certains redoutaient. Files d’attente, encre indélébile sur les doigts, vigilance des observateurs : les images d’une élection presque ordinaire, à l’exception de quelques zones, ont succédé aux scénarios d’apocalypse annoncée. Sur les réseaux, les « guerriers du verbe » ont trouvé un autre champ de bataille : commenter, analyser, critiquer, en direct, chaque épisode du scrutin.

Prévisible

La tournure des événements était prévisible. L’interview accordée par l’ex-chef de l’État à Alain Foka, quelques jours avant le scrutin, laissait déjà entrevoir un repositionnement politique. Un ton plus mesuré, presque annonciateur d’un retrait progressif après les législatives. Tout ça pour ça !

Reste une question institutionnelle : la Commission électorale indépendante (CEI), dont la légitimité a été contestée pendant la présidentielle, sera-t-elle réhabilitée ou réformée avant les législatives dans l’imaginaire de l’opposition ?

Drame

Le véritable drame se joue actuellement ailleurs. Dans le sort réservé à des milliers de sympathisants engagés avec passion dans le mouvement de contestation qui goutent aux délices de la privation de liberté derrière les barreaux.
Plusieurs d’entre eux, arrêtés ou détenus, ont perdu leurs illusions. On déplore des pertes humaines, des destructions de biens et des destins brisés. Pour d’autres encore, la désillusion est politique : un sentiment d’abandon, d’avoir été mobilisés au nom de promesses qui se sont éteintes au soir du scrutin.

Et maintenant ?

À l’approche des législatives, une question revient avec insistance : faut-il encore faire confiance aveugle à des leaders politiques prompts à appeler à la mobilisation sans en assumer les conséquences ?
La prochaine campagne pour les législatives pourrait bien être celle de la prise de conscience. Espérons-le,  des leçons tirées pour l’avenir.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *