Côte d’Ivoire – Présidentielle 2025 : Quand Dieu s’habille en bleu, vert ou orange
Le festival des prophéties africaines en direct sur la toile
En Côte d’Ivoire, la présidentielle du 25 octobre engendre des prophéties aussi diverses que variées sur l’avenir de la nation. En provenance de plusieurs pays africains, elles annoncent le chaos ou la paix selon le ressenti de ces oracles des temps nouveaux dont le cœur, déconnecté du grand barbu, vibre davantage à l’unisson avec les chapelles politiques dont ils sont devenus les porteurs de voix et les relais spirituels.
La polémique suscitée par la promesse du prophète Jonathan Gba, d’offrir un million de voix des fidèles chrétiens évangéliques à l’un des candidats à la présidentielle du 25 octobre, est le dernier épisode en date des clivages qui traversent le corps de Christ.
Idéal commun
En principe et théologiquement unie par une même ferveur, portée par un idéal commun de foi, l’Église se retrouve, conjoncture préélectorale oblige, en proie à une cacophonie qui menace son harmonie et son unité.
Pourtant, les saintes écritures mettent en garde : « Dieu parle cependant, tantôt d’une manière, tantôt d’une autre, et l’on n’y prend point garde » (Job 33 :14), et exhortent : « Celui qui s’attache au Seigneur est avec lui un seul esprit » (1 Corinthiens 6 :17).
Dans le vent
Des paroles qui prospèrent dans le vent face aux enjeux de l’élection présidentielle dans notre pays. Le fossé entre préceptes bibliques et réalité politique semble abyssal.
Qu’elles proviennent de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Cameroun ou de la RDC, les prophéties qui pullulent sur la toile se parent de toutes les couleurs : bleu, vert ou orange surtout. Elles annoncent des visions apocalyptiques ou apaisées, donnent lieu à des revirements spectaculaires sur fond de reniement dignes d’un scénario nollywoodien.
Divinement inspiré
Les jours pairs, elles oignent un candidat. Les jours impairs, le même est voué aux gémonies. Malheur à quiconque aurait l’intention de les éprouver. Il lui sera rétorqué qu’il s’agit d’un « message divin », divinement inspiré. C’est à croire que nos oracles numériques sont en permanence dans l’antichambre d’un Dieu par essence silencieux qui leur ferait quotidiennement des confidences. Un privilège auquel même Abraham, le père de la foi, l’ami par excellence, n’a pas eu droit !
Dieu bavard
Ces agissements projettent au final l’image d’un Dieu bavard, adepte du « gbairai », imprévisible, inconstant, partial et partisan, agissant en fonction des intérêts humains.
Semer la confusion
Paradoxalement, au lieu d’œuvrer à guider les consciences, affermir la foi des fidèles et apaiser les cœurs, ces « visionnaires » des réseaux sociaux contribuent à semer la confusion. « Que votre cœur ne se trouble point », recommande pourtant la Parole de Dieu. Les révélations, parfois teintées de catastrophisme et d’engagements militants, finissent par être aussi écœurantes qu’un gâteau à la crème en surdose de sucre.
Capharnaüm
Dans ce capharnaüm où la foi sert de paravent à la ferveur politique, on finit par perdre de vue cette mise en garde : « Bien-aimés, n’ajoutez pas foi à tout esprit, mais éprouvez les esprits pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde » (1 Jean 4:1).
Un avis qui devrait résonner en écho en ces temps troublés.
Entre amusement et consternation
Observant ce désordre de son saint trône, on imagine sans peine le grand barbu remuer la tête. Partagé entre amusement et consternation face au spectacle livré par ceux qui prétendent parler en son nom. Finalement, sourire dans sa grande miséricorde, à l’idée qu’aveuglés par leur passion, ils ne savent plus distinguer la chaire de la scène… le ciel des urnes.

