À manger d’abord

Que pense la Côte d’Ivoire d’en bas à 52 jours de la présidentielle ? Cette semaine, www.letau.net s’est glissé dans la tête des « grouilleurs » (débrouillards) pour relayer leurs attentes.

On ne peut même plus respirer. Partout où on passe, c’est élection, présidentielle. Tout le monde en parle. Même ceux pour qui manger une fois par jour constitue un miracle, préfèrent sacrifier leurs deux togos (200 F CFA) pour être sur le méta, histoire d’être au parfum des « gbairai » (potins). Les vrais sons. On s’en fout si c’est « dohi » (mensonge). Après tout, se faire peur est la seule chose qui est sûre quand le « dabali » ou le « graya » (nourriture) devient un luxe. On va faire comment ? On est déjà né.

L’Éternel est notre berger. La grâce de Dieu nous suffit. Pendant que ceux qui sont rassasiés parlent de ce qui va se passer sur Facebook, TikTok et YouTube, nous on prie pour que la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) ne coupe pas notre courant. Souris peut aller où avec bagage ? Fuir pour se réfugier au Ghana ? C’est un rêve qu’on ne peut même pas se permettre. D’ailleurs même, le plan est tombé à l’eau. Nos tuteurs du mois d’octobre sont venus se réfugier en Côte d’Ivoire. Partez maintenant, on va voir.

Il paraît que le gouvernement a prorogé la couverture maladie gratuite pour les « mogos » (gens) qui « bara » (travaillent) dans le secteur informel jusqu’en décembre. C’est bien. Au fait, informel veut dire quoi ?  Nous, on « grigra » ici et là. On se débrouille. Cissé Bacongo ne nous laisse pas tranquille. Quand on tombe malade, c’est Dieu qui est fort. On va prendre deux paracétamols  à Roxy et puis ça roule.Hôpital, on connaît pas. Trop de discours.

 À 52 jours de la présidentielle, on pense quoi ? Qu’importe qui gagne, ça ne va rien changer pour nous. Voilà la rentrée. L’homme ne sait même pas comment il va payer la scolarité du fiston. Tout ce qu’on veut, c’est un peu de paix pour se chercher. À manger d’abord. Élection ? On verra.