Sécurisation des élections : Abidjan sous tension… et humour

Les Ivoiriens entre dérision et inquiétudes.

Les Ivoiriens restent partagés entre humour et inquiétudes face au dispositif sécuritaire déployé pour le scrutin présidentiel. Si les autorités invoquent la prévention et la sécurité, sur le terrain, beaucoup affirment ressentir un climat de tension.

À l’approche des élections, le climat à Abidjan est tendu, comme en témoigne Kadel E. K., étudiant en Sciences économiques. Rencontré le lundi 6 octobre 2025, aux environs de 19 h, devant un supermarché à Angré, non loin du commissariat du 22ᵉ arrondissement. Après avoir observé avec appréhension un véhicule cargo de police qui venait tout juste de passer deux minutes auparavant, le jeune homme confie : « Chaque jour, les patrouilles se multiplient. On hésite à rester dehors, par crainte d’être arrêtés sans motif valable. » Ce à quoi il fait allusion, c’est le « Plan Espérance », dispositif national de sécurisation du processus électoral.

Sécurité version électorale

Selon les autorités, le plan Espérance mobilise 44 000 membres des forces de défense et de sécurité pour garantir un scrutin apaisé. Pourtant, sur le terrain, ce dispositif semble parfois inspirer davantage la crainte. Contrôles fréquents, déplacements surveillés… certains habitants évoquent un climat pesant.

Natacha K., résidente de Yopougon, s’interroge avec un brin de sarcasme : « Je suis juste sortie acheter du pain et j’ai croisé trois patrouilles. Je me suis demandé si un permis de sortie était nécessaire ! »

Comme elle, de nombreux Ivoiriens peinent à comprendre pourquoi un tel déploiement dans un contexte qu’ils espéraient plus serein.
Lamine, vendeur de cosmétiques à Adjamé, préfère en rire : « Ils patrouillent tellement que je me demande si je ne devrais pas payer une place pour m’asseoir en toute tranquillité. »

Un sentiment de surveillance

Avec ces véhicules blindés et ces hommes en uniforme impeccable qui circulent régulièrement dans les artères de la capitale économique, Abidjan donne parfois l’impression d’une ville sous haute surveillance. La sécurité est garantie, mais sur le plan du bien-être des habitants et de leur tranquillité, le ressenti n’est pas forcément au beau fixe. Aurélie B., infirmière à Cocody, raconte : « Avant, je sortais sans souci. Maintenant, j’ai l’impression d’éviter un parcours semé de contrôles. »

Méfiance généralisée

Ce qui devait apaiser la population semble, pour certains, avoir installé un sentiment de méfiance. Contrôles aléatoires et patrouilles incessantes ont renforcé l’impression d’une surveillance constante. « Si l’objectif était de montrer que nous devons marcher droit, c’est réussi. Mais on vit dans une prudence permanente », déplore K. Patrick, chauffeur de taxi à Yopougon.

Sens de l’humour

Face à la gravité de la situation, les Ivoiriens, comme à leurs habitudes, n’ont pas perdu leur sens de l’humour. Certains racontent des anecdotes presque surréalistes. Un sac trop chargé, une question inattendue…
Un enseignant habitant à Abobo ironise : « Avec tout ce déploiement, je vais peut-être commencer à vendre des excuses en vrac ! Apparemment, ça rapporte bien.»

Angoisse et frustration

Bien que le plan Espérance vise à sécuriser les citoyens pendant la période électorale, il suscite parfois plus d’angoisse que de quiétude.
Entre les convois incessants et la présence policière et militaire visible, Abidjan devient une ville où chacun apprend à adapter ses habitudes et à faire preuve de prudence.

Pour de nombreux habitants, la véritable sécurité ne se mesure pas seulement au nombre de forces déployées, mais aussi à la confiance mutuelle entre citoyens et forces de l’ordre.

En attendant des jours plus sereins, les Abidjanais s’ajustent à leur manière : entre humour, anecdotes et patience, ils apprennent à vivre avec le quotidien d’une capitale placée sous haute attention sécuritaire.

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