Présidentielle 2025 : la « phobie-cratie » tourne en plein régime
Parler politique devient un sport à risque
Des jeunes – un peu plus de 70% de la population- qui refusent de s’exprimer sur leurs attentes vis-à-vis des candidats retenus pour la présidentielle du 25 octobre 2025, en pleine campagne électorale. C’est la terrible réalité à laquelle a été confronté www.letau.net dans le cadre d’un micro-trottoir.
« Quelles sont les attentes des moins de 25 ans vis-à-vis des candidats retenus pour la présidentielle du 25 octobre prochain ? » A travers cette question posée par www.letau.net dans le cadre d’un micro-trottoir en lien avec la campagne électorale qui s’est ouverte le 10 octobre, voici un aperçu des propos recueillis. « On préfère ne rien dire », « Le silence peut être mal interprété ! » ou encore, « Aujourd’hui, même pour dire que la route est abîmée, il faudrait d’abord demander l’avis d’un avocat ! ».
Prudence et retenue
Des réponses, à bien des égards, symptomatiques de l’état d’esprit général qui prévaut en cette période de campagne électorale. Bien que représentant un peu plus de 70% de la population générale de la Côte d’Ivoire estimée à environ 30 millions d’habitants, la jeunesse, dans une large proportion, préfère se tenir loin des joutes politiques. Prudence et retenue semblent les maitres-mots pour beaucoup. Surtout dans un contexte où, la parole publique peut-être sujette à interprétation.
Entre ironie et fatalisme
À Angré, un quartier de la commune de Cocody, certains jeunes tournent la situation en dérision. « On vit dans un pays où le silence est devenu la langue officielle. », plaisante une lycéenne en compagnie d’une amie. Un humour qui s’impose telle une évidence.
Mise en garde
Depuis le 26 septembre, date de la rencontre entre le procureur de la République et des influenceurs, plusieurs internautes disent avoir redoublé de prudence dans leurs publications. Cette vigilance, perçue comme une forme d’autocensure, traduit un climat d’inquiétude. A raison d’ailleurs. Ce jour-là, la mise en garde suivante a été faite : « la récréation est terminée ! ». Par ailleurs, le parquet avait également engagé la responsabilité des gestionnaires des réseaux sociaux quant aux commentaires publiés sur leurs pages. A l’exception de quelques intrépides, souvent à l’extérieur du pays, chacun se le tient pour dit.
Craintes
Dans les rues comme sur les réseaux, la méfiance de rigueur semble avoir pris le pas sur la liberté d’expression. Les débats s’amenuisent, les claviers se figent. De Yopougon à Cocody, en passant par Adjamé, plusieurs citoyens avouent leurs craintes d’aborder ouvertement les programmes des candidats. « On ne sait pas comment cela sera interprété », déclarent-ils. « La liberté d’expression existe en Côte d’Ivoire. C’est la liberté après l’expression qui n’est pas toujours garantie », ironise au cours de ses régulières prises de parole Me Blessy Chrysostome, avocat du PDCI-RDA dont plusieurs militants sont actuellement en détention pour divers motifs, dans un contexte politique tendu. A cette allure, beaucoup redoutent que la grande gagnante de cette élection soit… la peur elle-même, la «phobie-cratie » néologisme forgé par www.letau.net pour désigner l’atmosphère de peur généralisée qui prévaut.

