La tentation du risque
Quelle que soit notre décision et quoiqu’il advienne, l’histoire nous jugera ! Chacun répondra de ses actes fusse à titre posthume… Afin que plus jamais dans ce pays qui avait jusqu’alors érigé la paix en seconde religion, cessent les balbutiements de l’histoire. Demain finit toujours par arriver.
Des millions d’élèves et ont repris, ce 08 septembre, le chemin de l’école en même temps que le conseil constitutionnel a rendu publique la liste officielle des candidats à l’élection présidentielle d’octobre 2025. Dans d’autres contextes, un acte administratif banal qui, sur les bords de la lagune Ebrié, pourrait s’avérer lourd de sens et de conséquences.
Perspective
Que représentera dans notre imaginaire collectif et pour la communauté de destin cette date ? Le début d’une espérance nouvelle, ou l’amorce d’un naufrage collectif, l’entrée dans la fournaise et l’enfer d’une crise que nul ne souhaite revivre.
Une perspective qui fait flotter en ce début de semaine, un parfum d’inquiétude. Dans les foyers, les villes et villages, c’est sous des auspices de scepticisme et de tension que démarre la rentrée des classes.
Prêts ou presque
Les cartables sont prêts ou presque, les sacs de riz vides de 4,5 kg sont réservés, les uniformes neufs ou raccommodés ont été lavés. Les enfants, ceux qui ont eu la chance d’être inscrits trépignent d’impatience de retrouver leurs camarades de classe, moins leurs enseignants… Mais pour de nombreux parents l’ambiance est loin d’être à la fête. Les doutes et équations économiques liées aux frais d’écolage ne contribuent pas à l’apaisement des cœurs. L’angoisse et le stress sont au rendez-vous.
Dépistage
Si le ministère de la Santé lançait cette semaine une campagne de dépistage de certaines pathologies, il constaterait sans doute une hausse des cas d’ulcère, d’hypertension, de troubles du sommeil.
Tout le monde a peur
Tout le monde a peur. Peur des conséquences de la décision du conseil constitutionnel, peur de perdre l’investissement de la rentrée scolaire, peur de la campagne électorale, peur de la présidentielle, peur que la situation politique dégénère de nouveau en violences, sème la désolation, brise des destins.
Serions-nous capables de tenir l’école, l’avenir de la nation, à l’écart des différends politiques ? Ce serait assurément un signe de maturité et de responsabilité. La preuve que le service à la communauté n’est pas qu’un leurre.
Lueur d’espoir
En dépit des gros nuages qui s’amoncellent dans le ciel politique, une lueur d’espoir existe. Plus que jamais et auparavant, cette lueur d’espoir nous invite à revisiter les paroles de notre hymne national. « Notre devoir sera d’être un modèle de l’espérance promise à l’humanité, la patrie de la vraie fraternité ». Ces mots font-ils sens dans notre humanité ? Nos entrailles vibrent-elles à leur lecture ?
Héritage
Dans l’intimité de notre conscience, quel héritage aspirons-nous à transmettre à nos enfants et petits-enfants ? Des larmes, du sang et de l’amertume ? Des camps de réfugiés ou de déplacés internes, comme après les tragiques événements de 2011, ou la quiétude dans une oasis de paix ?
L’histoire nous jugera
Quelle que soit notre décision et quoiqu’il advienne, l’histoire nous jugera ! Chacun répondra de ses actes fusse à titre posthume… Afin que plus jamais dans ce pays qui avait jusqu’alors érigé la paix en seconde religion, cessent les balbutiements de l’histoire. Demain finit toujours par arriver.
Malheur à celui par qui adviendra le pire, en cédant à la tentation du risque.

