“Il suffirait de peu “
Leçon de pouvoir
Un jour peut-être, à Abidjan comme à Paris, ce peu, grâce à la volonté collective, s’imposera afin que nul n’ignore qu’on ne gouverne pas un peuple comme on dirige une carrière.
“(…) Il suffirait de peu pour que ça fonctionne (…) Il suffirait de peu pour que l’on puisse y arriver, en étant plus désintéressés, pour beaucoup, en sachant aussi faire preuve d’humilité. Peut-être aussi un peu parfois d’effacement de certains ego. Je me suis employé, en tout cas je l’espère, à le faire.
Ensuite, toujours avoir le sens de l’intérêt général et du fond. Ce qui compte, c’est ce qu’on va faire en ayant l’humilité de considérer que certaines choses peuvent être faites avant 2027.”
Leçon de pouvoir
Ces mots sont un extrait de la prise de parole de Sébastien Lecornu, l’éphémère Premier ministre français démissionnaire, ce lundi 06 octobre dans la cour de Matignon. À bien des égards, ils virent à l’héritage politique. Un appel à davantage de responsabilité qui résonne bien au-delà de Paris. Une leçon de pouvoir universelle qui mérite d’être entendue au pays des Éléphants. Sur les bords de la lagune Ébrié.
Pathologie
À 19 jours du premier tour de la présidentielle, la quête et la conservation du pouvoir cristallisent les passions. La politique ressemble à une pathologie dont le taux de morbidité cyclique est effrayant. Jusque-là, aucun remède pour y remédier. Les ambitions personnelles transcendent l’intérêt général et font courir au corps social un péril.
Dans le vent
Les appels au dialogue prospèrent dans le vent. Les efforts des religieux qui, tels Jean-Baptiste dans le désert, s’évertuent à rappeler qu’aucun sacrifice n’est de trop pour la paix, piétinent dans les sables mouvants de l’intransigeance. Sur le sentier de la guerre, c’est le temps de bander les muscles, de jouer à se faire peur. La réconciliation ? On verra après les élections.
Juste de peu
Et pourtant, comme Lecornu le suggère, « il suffit juste de peu ». Un peu de sincérité, d’humilité, d’écoute, de courage politique, d’amour du prochain pour offrir à notre pays une élection qui vainc le signe indien, qui mette fin à la malédiction. Ici, comme là-bas, les partis s’aiment davantage qu’ils n’aiment la patrie. On brandit les étendards, on serine à longueur de plateaux de télévision la paix et la stabilité, mais au fond de soi, on rêve de néantisation de l’altérité. Le peuple pour qui on prétend se battre compte pour du beurre.
Un jour peut-être
Non, la Côte d’Ivoire n’est pas maudite. Il suffit juste de peu pour faire toute la différence.
Un jour peut-être, à Abidjan comme à Paris, ce peu, grâce à la volonté collective, s’imposera afin que nul n’ignore qu’on ne gouverne pas un peuple comme on dirige une carrière.

