L'Editorial

Le jour d’après

Il n’est peut-être pas inutile de rappeler aux électeurs quelques évidences que la fièvre de la campagne a pu leur faire oublier, pour ceux qui y étaient scotchés.

Les législatives 2025 se sont achevées comme elles avaient commencé : dans une agitation bruyante sur les réseaux sociaux, qui n’honore guère leurs instigateurs, ponctuée de fortunes diverses selon les circonscriptions et les ambitions.

Aux honorables qui ont décroché ou conservé leur écharpe parlementaire – nouveaux visages ou reconduits –, félicitations. Aux honorables qui ont mordu la poussière, parfois après avoir promis monts et merveilles, routes goudronnées jusque dans les arrière-cours, paradis sur terre, ça va aller.

Rendez-vous dans cinq ans, si Dieu le veut.

Passée l’euphorie des victoires – avec ou sans levure – et les lendemains de défaites aux airs de gueule de bois, le pays, lui, retourne à ses affaires domestiques. La vie ordinaire reprend ses droits. Les marchés rouvrent, les factures attendent, les embouteillages persistent, l’esprit des fêtes de fin d’année flotte toujours. Bienheureux les opportunistes de tout poil, engagés aux côtés des aspirants députés qui ont su se concocter un bas de laine conséquent. Une épidémie de « janviose » se profile.

À toutes fins utiles, il n’est peut-être pas inutile de rappeler aux électeurs quelques évidences que la fièvre de la campagne a pu leur faire oublier, pour ceux qui y étaient scotchés.

Primo : la nouvelle législature qui s’annonce pourrait ne pas – ou très peu – contribuer à l’amélioration concrète des conditions de vie des populations. Nul ne l’ignore d’ailleurs, même si le son ne plaît pas à tout le monde.

Deuxio : les députés présents aux abonnés absents, mais réélus malgré tout, ne devraient pas, par un miracle soudain, changer de méthode, de rythme ou de rapport au mandat. Faut pas rêver.

Tercio : les promesses entendues ici et là gagneraient à être considérées comme n’ayant jamais été prononcées. Cela vaudrait mieux pour la santé mentale de ceux qui s’y accrochent comme des exilés économiques à une bouée de sauvetage en pleine tempête dans la Méditerranée. Plus par désespoir qu’autre chose.

Quattro : la vie reprendra son cours normal, comme dans un pays parfaitement normal, où les élus sont d’abord – et souvent surtout – élus pour eux-mêmes. Aucun député ne viendra régler les factures de qui que ce soit. Ils ont d’autres chats à fouetter.

Quinto, enfin : ce qui n’a pas été fait jusque-là ne le sera probablement pas davantage au cours des cinq prochaines années. La constance est parfois la seule vraie ligne politique.

Telles sont les seules certitudes du jour d’après.

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