Politique

Législatives 2025 : Une campagne qui n’a jamais intéressé personne

Officiellement ouverte le vendredi 19 décembre 2025, la campagne électorale marquant l’entrée en lice des 2 740 candidats ne semble, comme d’habitude, intéresser personne. Entre cherté de la vie, lassitude politique et sentiment d’élections jouées d’avance, une grande partie des Ivoiriens orientent leurs priorités ailleurs…

Officiellement depuis le 19/12, la Côte d’Ivoire est en campagne pour l’élection de ses députés. Dans les faits, la réalité est toute autre. Non par absence de caravanes dans les rues, d’affiches ou de meetings, mais parce que les Ivoiriens ont d’autres préoccupations. Occupés à trouver la bonne stratégie pour tenir au jour le jour.

Désintérêt

De Marcory à Yopougon, en passant par Cocody, le constat est frappant. Les citoyens regardent défiler les caravanes politiques sans y prêter attention, absorbés par une seule urgence : assurer les dépenses liées aux fêtes de fin d’année, dans un climat de précarité persistante.

Le désintérêt pour les élections législatives ne constitue pas un phénomène nouveau en Côte d’Ivoire. 36,6 % en 2011, 34,09 % en 2016 et 37,86 % en 2021. La nature du régime, hyperprésidentialiste, y est sans doute pour quelque chose.

Dés pipés…

Au marché de Cocovico, Sandra Kouadio, épouse Sidibé, résume un sentiment largement partagé : « On a du mal à manger, et on voudrait qu’on s’intéresse à une campagne ? De toute façon, ceux qui doivent être élus se connaissent déjà ».

Cette phrase choc est le reflet de la fracture profonde qui existe entre des gouvernants de moins en moins perçus comme l’émanation de la volonté populaire par une frange croissante de l’opinion et le peuple. Beaucoup, à voix basse, estiment que les élections ne sont plus un espace de choix démocratique, mais une simple formalité institutionnelle. À l’instar de la présidentielle, la compétition donne l’impression d’un match où les dés sont pipés d’avance.

Déséquilibre

Alors que les candidats du parti au pouvoir avancent avec des moyens impressionnants : cortèges bien huilés, mobilisation XXL, logistique digne d’une tournée nationale, les adversaires ont du mal à exister sur le terrain.

Il n’empêche que la campagne, elle, se poursuit, avec quelques opportunistes qui ont trouvé là une occasion de joindre les deux bouts. Au pays de l’argent, on ne peut vraiment pas le leur reprocher. Toutefois, une question demeure : une démocratie a-t-elle encore du sens lorsque les électeurs, en grande majorité, n’y trouvent plus leur compte ?

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