Législatives 2025
Le Front commun s’effrite
L’idée d’une opposition unifiée en Côte d’Ivoire s’est heurtée aux réalités politiques. Alors que les législatives approchent, les divergences entre le Pdci et le Ppa-ci deviennent évidentes : tandis que l’un croit aux urnes, l’autre choisit de partir. Conséquence, le front commun se fissure… et le pouvoir peut souffler.
L’histoire retiendra que le rapprochement entre le PPA-CI et le PDCI n’a duré que le temps d’une photo de famille et de quelques manifestations politiques. Un accord forgé dans l’euphorie d’un espoir partagé s’est rapidement fragilisé à la première turbulence. Ce qui devait être une coalition robuste face au régime Ouattara finit par se désintégrer sous le poids des calculs électoraux et des divergences stratégiques, à seulement quelques semaines des législatives prévues pour le 27 décembre 2025.
Participation
Le PDCI-RDA, dirigé par Tidjane Thiam, a opté pour une approche institutionnelle. Dans une lettre diffusée le 31 octobre 2025, celui qui fut à la tête du Crédit Suisse exhortait ses militants à se rassembler massivement pour « remporter ces élections capitales ». À ses yeux, la seule façon de contrer les irrégularités électorales est de mobiliser les populations pour une participation record : » leur présence ne prend tout son sens que si l’affluence atteint des niveaux historiques », déclarait-il, tout en qualifiant l’abstention d’acte offrant les pleins pouvoirs à ceux cherchant à dérober le vote des Ivoiriens. Thiam privilégie un pragmatisme politique qui tranche nettement avec la position plus combative de son ancien allié. Selon lui, boycotter reviendrait à abandonner le terrain. Dans la foulée le Pdci a annoncé, le vendredi 7 novembre 2025, la création d’un nouveau mouvement dénommé Rassemblement des Ivoiriens pour la démocratie (RID), dans la perspective des élections législatives.
Boycott
De son côté, le PPA-CI, mené par Laurent Gbagbo, a fait un choix diamétralement opposé en décidant de se retirer. Réuni en session extraordinaire le 6 novembre 2025, le parti avisait de son boycott des élections, dénonçant un manque de conditions pour une transparence électorale et s’insurgeant contre un climat marqué par des répressions, intimidations judiciaires et persécutions politiques. À ses yeux, participer à ce scrutin dans un tel contexte reviendrait à valider un processus perçu comme verrouillé et plier face au pouvoir en place.
Entre le pragmatisme du PDCI et la dénonciation du PPA-CI, l’opposition ivoirienne s’enfonce dans ses propres contradictions. D’un côté, on cherche à influencer de l’intérieur ; de l’autre, on résiste en dehors du système. Bien loin de l’unité tant espérée, ces divisions engendrent confusion et perplexité parmi les électeurs, partagés entre loyauté et désillusion.
Tandis que chaque camp reste figé sur sa position, le pouvoir se retrouve dans une situation confortable et peut savoureusement envisager sa victoire avant l’heure.
Finalement, comme souvent dans la vie politique ivoirienne, les alliances rappellent les averses à Abidjan : imprévisibles dans leur début comme dans leur durée.

