Édito : La haine en héritage

Un manuel de rancunes à pérenniser

On proclame « réconciliation » parce que ça sonne bien, surtout face aux caméras. « L’hyène a ses taches au dehors, l’homme a les siennes en dedans », rappelait Wole Soyinka, prix Nobel de littérature 1986.

L’histoire est parfois un perpétuel recommencement. Surtout chez les peuples pour lesquels la mémoire n’est d’aucune utilité. Vingt-six ans après le premier coup d’État de l’histoire du pays, unanimement applaudi par les contempteurs du régime Bédié, vingt-quatre ans après les législatives boycottées par le RDR, vingt-deux ans après la mutinerie muée en rébellion et soutenue par les adversaires de l’intrépide Gbagbo, les événements politiques du moment ont comme un air de déjà-vu lancinant.

La classe politique rejoue le même scénario insipide. Le ressentiment pour boussole, les mêmes méthodes éculées. Seule différence, une inversion de rôles. La constance des rancunes. Les opposants d’hier gouvernent aujourd’hui. Avec la même raideur qu’ils dénonçaient lors de leur traversée du désert. Les ex-gouvernants se réapproprient la rhétorique de la chaise vide. Rien ne se perd. Tout se recycle.

Frantz Fanon l’avait vu venir : « les élites reproduisent souvent les humiliations qu’elles ont subies. »

Qui pour briser le cycle ? On n’est loin d’être sorti de l’auberge.

Le FPI, relooké PPA-CI, qui dénonçait en 2001 qui dénonçait en 2001 le boycott du RDR se découvre en 2025, héritier de cette tactique. Ils ont en commun leur appartenance au Front Républicain en 1995. Il est des alliances inoubliables

Le RHDP, fils de mille et une alliances mouvantes et de reniements, s’applique avec un juridisme de granit à renvoyer l’ascenseur.

On proclame « réconciliation » parce que ça sonne bien, surtout face aux caméras. « L’hyène a ses taches au dehors, l’homme a les siennes en dedans », rappelait Wole Soyinka, prix Nobel de littérature 1986.

On se victimise. On jure son innocence. Personne n’a jamais rien fait. C’est toujours la faute de l’autre. On rirait de cette ambiance de cour de récréation si elle ne compromettait pas l’avenir de millions de personnes.

Un proverbe arabe enseigne : « Lorsque quelque chose atteint son sommet, son déclin commence. » Evidence éternelle.

Demain finit toujours par arriver. Au lieu d’apprendre à descendre avec dignité, chacun s’applique à pousser l’autre dans le ravin.

Nous appelons cela la politique.

A ce qu’il parait, la politique a pour finalité, l’amélioration des conditions de vie de ses concitoyens. Sans exception. A quel moment avons-nous rater un épisode ?

Le service de la nation peut attendre. D’ailleurs, il a toujours attendu. Ainsi, nous léguons aux générations futures non pas une nation à bâtir, mais un manuel de rancunes à pérenniser.

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