Dénoncez, encaissez !

Et si on appliquait la méthode Diomaye Faye ?

À la poubelle donc les vieilles campagnes d’affichage « Stop à la corruption » éprouvées et inopérantes, les discours de bonnes intentions qui franchissent rarement le stade de vœux pieux. Avec la méthode Diomaye Faye, tout le monde gagne.

Il fallait y penser. Une fois de plus l’exemple vient de pays de la Teranga. En vue de protéger les lanceurs d’alerte, une loi adoptée le 26 août prévoit que, « Toute personne qui dénonce anonymement un acte de corruption, de détournement ou de fraude reçoit 10% des fonds récupérés ».

Investisseur

En plus d’être protégé, le lanceur d’alerte devient un investisseur. Moins de bourse pour l’ingénierie de la déperdition, plus de balances, c’est certain. Dakar est encore sorti dans dos. Quoi de plus normal pour un pays qui surprend agréablement à chaque fois ?

Premier

Le Sénégal a été le premier à expérimenter l’alternance au pouvoir en Afrique de l’Ouest en 1980, sans que le ciel ne tombe sur la tête de qui que ce soit. Les Lions de la Teranga ont été la première équipe nationale de football à battre en match d’ouverture de la Coupe du monde de football co-organisée par la Corée du Sud et le Japon en 2002 ; le champion en titre : La France avec sa pléiade de stars dont un certain Zinedine Zidane.

Imaginons la scène

Pour en revenir à notre sujet, imaginons la scène : un fonctionnaire distrait des caisses de l’État l’argent public ou exige des pots-de-vin. Un témoin ou la victime de ces actes délictueux compose discrètement le numéro vert dédié. Non seulement il fait œuvre utile mais il finance aussi son mariage, la construction de sa maison et se constitue une épargne. Jamais la vertu n’aura payé autant.

Mesure populiste

Bien évidemment, on peut pointer une mesure populiste. Certains observateurs ne manqueront pas de dire que cette prime à la délation, si elle n’est pas rigoureusement encadrée, risque de transformer Dakar en immense confessionnal. C’est vrai, chaque cousin, neveu, parent proche ou éloigné frustré et fauché n’hésiterait pas à dénoncer un oncle haut placé qui mange seul. Non seulement pour accroître son pouvoir d’achat mais aussi par pure et gratuite vengeance.

Probité cotée

Il n’empêche que si la dénonciation se confirme, ce sera ça de gagné. On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. La probité devient cotée en bourse, le patriotisme rémunéré au pourcentage. Encore faut-il que l’appareil judiciaire, déjà surchargé, soit capable de trier les dénonciations fantaisistes des signalements solides pour éviter que la mesure ne perde toute crédibilité.

Methode Diomaye Faye

À la poubelle donc les vieilles campagnes d’affichage « Stop à la corruption » éprouvées et inopérantes, les discours de bonnes intentions qui franchissent rarement le stade de vœux pieux. Avec la méthode Diomaye Faye, tout le monde gagne. Un exemple à modéliser que devraient s’approprier les mécanismes de lutte contre la fraude et les déperditions : « Dénoncez, encaissez ! »

Vite un label pour le président sénégalais.

Triple peur

Ironie de l’histoire, dans cette bataille, les corrompus et corrupteurs eux-mêmes auront désormais une triple peur : celle de leur propre ombre, celle de la justice… et celle de tous les jaloux et aigris tapis dans l’ombre qui ne jurent que par la perte de ces faux-modèles.

Du sermon à la commission

À Dakar, la lutte contre la corruption vient de passer du sermon à la commission. Sans séminaire coûteux, campagne de sensibilisation d’envergure et message à la nation. Et si on essayait ça en Côte d’Ivoire, le pays où corruption et détournement constituent un sport national ? Juste pour vérifier quelque chose.

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