
Procès pour blanchiment d’argent : Apoutchou National définitivement privé de CAN au Maroc
Poursuivi pour blanchiment de capitaux, l’influenceur Stéphane Agbré, dit Apoutchou National, a vu sa demande de sortie du territoire refusée par la justice ivoirienne. Lors de l’audience tenue ce mercredi 24 décembre 2025 au pôle pénal, économique et financier(Ppef) , le tribunal a choisi la fermeté, soulignant que sa notoriété ne saurait en aucun cas servir de passe-droit devant la justice…
Ce mercredi 24 décembre 2025, au pôle pénal, économique et financier, ce n’est pas seulement un prévenu qui comparaissait. C’est la crédibilité de l’État ivoirien qui était à la barre. Et cette fois, la justice a compris l’enjeu.
La présence inhabituelle du Procureur de la République, Jean-Claude Aboya en personne n’était pas un hasard. Elle traduisait une urgence : le blanchiment de capitaux n’est plus un simple délit, c’est une menace systémique.
Prétexte…
Face au tribunal, la défense d’Agbré Stéphane, alias Apoutchou National, a cru bon d’opposer la notoriété à la loi.
»Il est une célébrité du monde artistique et des réseaux sociaux. J’ai découvert une autre facette de mon client après sa sortie de prison. C’est un philanthrope. La FIF a décidé de l’associer à ses activités au Maroc. Il a reçu une accréditation pour séjourner au Maroc pendant la période de la CAN. Pour cette raison, il doit se rendre à Marrakech. Il demande une autorisation de sortie du territoire pour se rendre au Maroc et représenter la Côte d’Ivoire », a plaidé sa défense.
Fin de récréation…
Un argument qui n’a pas emporté l’adhésion du parquet. Le Procureur de la République a eu le mérite de rappeler une vérité brutale que beaucoup préfèrent ignorer : le blanchiment de capitaux est une infraction grave qui n’a pas besoin d’alibi. L’argent sale ne devient pas propre parce qu’il finance des œuvres sociales ou parce qu’il est exhibe sur les réseaux sociaux.
Gafi…
Le contexte international rend ce dossier explosif. Depuis plusieurs années, la Côte d’Ivoire est évaluée pour sa lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. Le pays est aujourd’hui sur la liste grise du GAFI.
Autrement dit, le gendarme de la finance internationale ne croit pas encore à la sincérité de la lutte de la Côte d’Ivoire. Et il suffit d’un seul signal de faiblesse une décision complaisante, un traitement de faveur pour conforter cette défiance. Le procureur de la République à cet effet à annonce une rencontre à Lisbonne 2 janvier 2026.
“Le 2 janvier 2026, nous serons au Portugal pour défendre le système de lutte contre contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Il y a une certaine perception du système international qui a placé la Côte d’Ivoire sur la liste grise du GAFI. »
Sanction…
Le refus du tribunal d’autoriser la sortie du territoire est un pas dans la bonne direction. Mais il ne suffit pas car la Côte d’Ivoire est à la croisée des chemins : soit elle assume des sanctions dissuasives ; soit elle accepte d’être durablement cataloguée comme une zone grise, tolérante envers l’argent sale.
