Adjamé : Des fêtes à coups de calcul mental

À Adjamé, la musique joue, les décorations brillent et les prix montent. On fait certes le tour du marché, on compare, on réfléchit… et on repart souvent les mains vides. A défaut de gros sacs, les fêtes se préparent avec un cerveau bien entraîné au calcul mental.

À l’approche des fêtes de fin d’année, les marchés d’Adjamé vivent une effervescence particulière. Dès l’aube, les allées se remplissent, les étals se montent à la hâte et les pousseurs de brouettes slaloment entre les clients. On s’arrête, on demande les prix, on négocie parfois. Mais derrière l’animation, une réalité s’impose : la cherté de la vie freine sérieusement les achats.

On revient

Pour les commerçants, les festivités de 2025 sont marquées par une hausse généralisée des prix. En réaction, les clients adoptent une nouvelle stratégie : demander les tarifs sans acheter immédiatement.« Les gens viennent, demandent le prix, disent “on revient”… et puis on ne les voit plus », confie Aïcha Kamara, vendeuse de jouets. La phrase revient comme un refrain. Pour les vendeurs, elle traduit davantage l’hésitation que l’intention réelle d’achat. « Avant, quand quelqu’un demandait le prix, il achetait. Aujourd’hui, même après négociation, il préfère réfléchir », observe Souleymane Ouattara, vendeur de chaussures.

Même constat chez Abdoul Aziz Coulibaly, vendeur de décorations festives : «L’ambiance est chaude, mais les ventes sont lentes. Les gens veulent fêter, mais ils calculent trop. »

Tout a augmenté

Côté acheteurs, la hausse des prix pèse lourdement. Venue repérer des cadeaux pour ses enfants, N’Guettia Reine explique : « Avant, les prix étaient plus bas. Maintenant, tout a augmenté. »

Les commerçants subissent eux aussi la conjoncture

« Nous aussi, on achète cher. La hausse commence bien avant l’arrivée des produits au marché », souligne Boubacar Diaby, grossiste.

Pantalons et chaussures se vendent désormais entre 5 000 et 7 000 FCFA, contre 2 000 à 2 500 FCFA auparavant. Le sac de riz de 50 kg est passé de 23 500 à 26 000 FCFA, la viande avec os de 2 500 à 3 500 FCFA le kilo, et le bidon d’huile de 25 litres de 18 000 à 33 000 FCFA.

Moins de sacs

Malgré les prix, la fête aura bien lieu. Peut-être avec moins de sacs, moins de cadeaux et un peu plus de calcul mental.