Anyama-Zossonkoï : Les villageois exigent le départ du chef Abouchou

Koné Zakaria demande pardon …

À Zossonkoï, village de la sous-préfecture d’Anyama, situé à une vingtaine de kilomètres d’Abidjan, les habitants sont descendus dans la rue, ce 25 août 2025. Femmes, jeunes et anciens ont manifesté contre le maintien prolongé au pouvoir du chef de village Abouchou Bouadi François, dont le mandat coutumier a, selon eux, expiré depuis juillet 2023.

Dès 05h du matin, ce 25 août, les villageois, visages enduits de charbon, rameaux aux poignets et ceints sur la tête ont érigé des barricades sur la voie principale. Brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Abouchou dehors ! Zossonkoï avec le chef Appia. 23 ans, ça suffit ». Au rythme de chants et de cris de guerre, ils entendaient donner de la voix pour se faire entendre des autorités administratives. En particulier du sous-préfet d’Anyama.

Opposition

Conformément à la tradition et aux coutumes, après quinze années d’exercice, le pouvoir doit revenir à une nouvelle génération, les « mounan » comme c’est le cas dans tous les autres villages de la sous-préfecture. Ce à quoi Abouchou Bouadi François s’oppose. Il brandit un arrêté préfectoral pour justifier son maintien. Les contestataires rappellent que ses prédécesseurs avaient eux aussi bénéficié d’arrêtés, sans que la succession ne coince pour autant.

Passage inopiné

La tension est montée d’un cran lorsque selon la rumeur, le sous-préfet a demandé aux manifestants de libérer la voie. Promettant les recevoir plus tard. « On ne veut pas », ont-ils scandé à plusieurs reprises, sous le regard d’un détachement de police du commissariat d’Anyama déployé pour prévenir tout débordement. C’est dans cette atmosphère surchaufféE que vers 8h20, le colonel-major Koné Zakaria, de passage de manière inopinée, a marqué un arrêt pour s’enquérir de la situation. Pendant une dizaine de minutes, il a écouté les griefs des manifestants avant d’appeler au calme. « Je vous demande pardon. Retirez les barricades. Je vais trouver un temps dans mon agenda pour revenir afin que nous puissions ensemble trouver une solution », a-t-il plaidé. Une intervention qui a permis de ramener le calme.

« Agenda caché »

Réunis ensuite sur la place publique, les habitants ont exprimé leurs griefs au commissaire de police Traoré Foundéré Pierre. Par la suite, l’ancien chef du village, Dogbo Monnet Mathurin (2003-2009), a expliqué que le refus de son successeur de passer la main, obéissait à un agenda caché. « Mourir au pouvoir pour ne pas avoir à rendre compte de sa gestion financière ».

Respect des traditions

De son côté, Bodi Bodi Anatole, adjoint du chef sortant et également assigné en justice tout comme Dogbo Mathurin, a pris position en faveur du respect des traditions. Selon lui, « la réforme voulue par le chef Abouchou, qui consisterait à transmettre le pouvoir au troisième fils, n’a pas emporté l’adhésion de la communauté ».

Rétention d’information

La présidente des femmes, Yapi Anin Angèle, a reproché au chef, la rétention d’information dont il est devenu coutumier.  Elle cite notamment l’absence d’information sur la campagne de vaccination contre le cancer du col de l’utérus. Quant au président des jeunes, il a qualifié d’inopportune une réforme qui vise à tordre le cou aux coutumes. Il rappelle que le pouvoir doit revenir au premier fils, le chef Appia N’guessan Joël.

Assignation en justice

En réaction, et dans le cadre du bras de fer autour de la succession, le chef Abouchou a assigné ses opposants en justice pour troubles à l’ordre public, usurpation de titre et profanation de sépulture. Au moment où se déroulaient les manifestations, une audience se tenait au tribunal d’Abobo.

Auparavant, plusieurs villageois ont été entendus les 18, 23 et 30 juillet 2025 par le même tribunal. La prochaine audience est fixée au 8 octobre prochain, après les vacances judiciaires.

En ce début de semaine, du côté d’Anyama, les tambours, les slogans et les rameaux brandis auront rappelé une vérité simple. La chefferie n’est pas qu’une simple affaire de légalité mais de mémoire et de légitimité.

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